vendredi 29 mai 2020

[Pharmacie] le quotidien en officine



Dans l'imaginaire collectif, le pharmacien attend derrière son comptoir qu'un patient franchisse le pas de sa porte et que, en l'absence de patient, on s'ennuie...
On ne pourrait être plus loin de la réalité ! Les patients, ce n'est en fait qu'une toute petite part du métier de pharmacien.


Dans ma pharmacie actuelle, nous ouvrons à 8 heures 30 et on ferme à 19 heures 30 avec une pause déjeuner entre 12 heures 30 et 14 heures. Les horaires sont à peu près les mêmes dans toutes les pharmacies en raison des horaires de garde de 20 heures à 8 heures sur lesquels on ne peut guère empiéter.
Néanmoins, les horaires changent, certains ouvrent non stop durant toute la durée légale, certains ferment deux heures le midi ou plus tôt le soir ou certains soirs, comme nous : 18 heures le samedi.

Quand j'ouvre la pharmacie, hormis tout allumer, je dois transmettre nos ordonnances de la veille aux sécurités sociales pour qu'ils nous remboursent les frais avancés. Bon, en fait, suffit d'appuyer sur un bouton...
Le plus compliqué, ce sont les rejets : cela peut être simplement que la personne a deux numéros de sécu (le sien et celui de son mari par exemple), ou que ses droits sont finis... Il existe de nombreuses possibilités et c'est assez complexe. Nous ne sommes que deux à nous en occuper et c'est surtout ma collègue qui gère pour le moment.

La commande de notre grossiste est déjà là quand on arrive le matin et la deuxième livraison arrive en début d'après-midi. On la range tout en nous occupant des patients.
Ils viennent pour une ordonnance, un conseil, de la bobologie, de la para, pour discuter, pour être rassuré, écouté ou orienté. Nous sommes partout en France, toute la journée et nous sommes gratuits et disponibles. Les gens viennent nous voir avant tout autre professionnel de santé, à nous de faire l'aiguillage : pas grand chose, médecin traitant, spécialiste, voire urgences ou 15.
Les patients arrivent ponctuellement ou par grappes, notre but est de ne jamais les faire trop attendre tout en consacrant le temps nécessaire à chaque cas.

Avec le confinement, la quantité d'ordonnances qui nous étaient envoyées par mail, par fax ou demandées par téléphone a explosé. C'est généralement moi qui m'en occupe, entre deux patients.
On a aussi parfois des problèmes avec les ordonnances : suspision de faux, erreur psosible du médecin, difficulté à lire, oubli, médicament arrêté ou en rupture (et ils sont tellement nombreux désormais que personne ne peut tous les connaître)...
Cela demande alors de nombreux coups de fil : grossiste pour chercher une solution avant d'appeler le médecin, puis chercher dans nos livres pharmaceutiques à la recherche d'une alternative thérapeutique à proposer au médecin, appeler le-dit médecin et attendre son rappel, puis prévenir le patient qu'une solution a été trouvée.

La morphine n'étant pas un bonbon, la législation est très stricte et la paperasse à la hauteur de cette législation. Ca aussi, ça prend du temps, surtout à la fin du mois quand on contrôle notre stock et qu'on le reporte dans un carnet officiel.
Tout comme les masques qu'on délivre désormais : à de nombreux professionnels, à des patients, et aussi en vente désormais depuis le 11 mai.

Tous les soirs, je contrôle les ordonnances. Cela consiste à valider toutes les ordonnances délivrées ce jour sur mon logiciel. J'ai toutes les infos nécessaires : nom du patient, son âge et son sexe, quel médecin a prescrit et quels sont les médicaments donnés et en quelle quantité. C'est le protocole de qualité pour s'assurer qu'aucune erreur n'a été commise. Les ordonnances sont vérifiées de la même manière à l'hôpital, par des pharmaciens hospitaliers.

Il y a aussi le téléphone, qui sonne beaucoup, souvent des patients, parfois des labos ou des demandes de promotion et, rarement, des cabinets médicaux de ville ou d'hôpital. Il sonne beaucoup et, quand on est au comptoir, on le laisse sonner. A l'inverse, cela arrive que toutes nos lignes soient occupées et pourtant on en a 4 !

En plus des commandes grossistes, nous recevons des commandes tout au long de la semaine pour le reste des produits vendus en pharmacie : les solaires, les chaussures Scholl de l'été, un réassort de parapharmacie, des médicaments commandés directement au laboratoire, de l'orthopédie et tout ce que vous pouvez trouver dans une pharmacie.
Et bien sûr, si on les reçoit, c'est quand les a passé. Donc il faut les préparer : faire le point sur notre stock, ce qu'on a vendu et la saison, comme dans un autre commerce en fait.

Le plus perturbant c'est que, arrivée à la fin de la journée, quand je fais le point sur mes 10 heures à la pharmacie et ba... je n'arrive pas à grand chose, à part les points précisés ci-dessus. Je m'occupe également de la page Facebook donc des photos, des publications canva etc. Mais sinon, la journée est ponctuée de nombreux petits problèmes à régler.
On ne s'ennuie pas, on court généralement après le temps, nous promenant avec notre to-do list. Les mauvais jours, je finis la journée avec de quoi m'occuper une heure dès l'ouverture le lendemain matin.
On s'accorde de vraies pauses matin et aprem quand même. Cela permet de décompresser un peu, papoter et se réconforter avec une boisson et un biscuit avant d'y retourner.

Voici un aperçu de ma journée à la pharmacie. Cela change d'un jour sur l'autre, on ne sait jamais trop de quoi sera fait notre journée. Cela dépend principalement de trois choses : du nombre de patients ce jour-là, des problèmes qu'on aura à régler et des commandes à passer ou à rentrer.
Vous découvrez ainsi que le "comptoir", comme on dit, est juste la partie émergée de l'iceberg. Si vous rentrez dans une pharmacie vide, cela ne veut pas dire nécessairement que l'on se tourne les pouces dans le back office mais plutôt qu'on gère d'autres tâches !

Docteur Sam

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